Faites connaissance avec Sou Kinoshita, le scénariste de Pokémon : Ailes du crépuscule

18 novembre 2020

Faites connaissance avec Sou Kinoshita, le scénariste de Pokémon : Ailes du crépuscule

Découvrez les coulisses de l’écriture de cette histoire passionnante dans la seconde interview de l’équipe de création de Pokémon : Ailes du crépuscule.

Pour notre seconde interview des créateurs de Pokémon : Ailes du crépuscule, nous avons demandé à Sou Kinoshita, auteur des scénarios des sept épisodes, de nous révéler un peu des coulisses du processus d’écriture et de création des caractères des personnages.


Q : Vous étiez responsable des scénarios pour Pokémon : Ailes du crépuscule. Pouvez-vous nous expliquer la place que cela joue dans le processus de production ?

R : Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet, une ébauche d’environ quatre lignes existait déjà pour chaque épisode. Je m’en suis servi comme base, puis j’ai proposé l’histoire que je souhaitais raconter. Nous en avons discuté avec le réalisateur et d’autres membres de l’équipe et, à la suite de cette discussion, j’ai écrit l’intrigue générale qui est devenue la ligne directrice de l’histoire. L’idée générale en place, j’ai commencé à écrire le scénario de chaque épisode. Les scénarios sont l’ossature de l’histoire d’un dessin animé, mais comme ils sont constitués uniquement de texte, j’ai dû faire attention à chaque mot écrit, en prêtant une attention particulière au moment et à l’endroit où les répliques sont dites, à qui parle, à ce que font les personnages à ce moment-là, et à ce qu’ils disent. Certaines idées (comme les mouvements et les subtilités) ne se retranscrivent pas bien dans les scénarios, alors j’ai transmis ces idées verbalement en réunion, ou bien dans des notes de bas de page.

Q : Ailes du crépuscule est votre premier projet en tant que scénariste. Y a-t-il eu des moments particulièrement difficiles dans le processus d’écriture, ou des moments qui vous ont marqué ?

R : Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir eu Taku Kishimoto comme réalisateur scénario. Il est scénariste et m’a vraiment montré les ficelles du métier. Il a pris de son temps pour me donner des conseils pour chaque épisode. De plus, le réalisateur, Shingo Yamashita et l’assistant-réalisateur, Yo Watanabe, sont de mon âge, donc à chaque fois que l’un de nous faisait une référence à un certain aspect d’un film, ou s’inspirait d’une bande dessinée, nous savions tout de suite ce que l’autre voulait dire. Ça a vraiment facilité les choses.

Q : Connaissiez-vous Pokémon avant ? Si oui, avez-vous des souvenirs en rapport avec Pokémon particulièrement marquants ?

R : La première série animée Pokémon est sortie quand j’étais au CP, donc je fais vraiment partie de la génération Pokémon. J’ai eu les premiers jeux Pokémon sur Game Boy. Je n’oublierai jamais le plaisir de partir à l’aventure et découvrir de nouvelles villes, forêts et montagnes accompagné de Salamèche et Pikachu. Comme beaucoup d’enfants de mon âge à l’époque, j’étais fan de tout ce qui était Pokémon, que ce soit le jeu vidéo, la série TV, les films, les cartes, etc. Je me souviens à quel point j’étais heureux quand j’ai obtenu le guide de stratégie à Noël. Je gardais même une boîte pleine de « Pokémon Kids », mes figurines préférées. J’adore dessiner, alors je m’amusais à dessiner les 151 Pokémon de la première génération, et dans l’ordre ! Encore aujourd’hui, je pense pouvoir être capable de dessiner de mémoire, à quelques détails près, les Pokémon des premiers jeux, et de Pokémon Version Or et Pokémon Version Argent.

Depuis tout petit, j’aime les insectes et les animaux en général. J’adorais lire des encyclopédies sur ces créatures, et j’avais cinq livres entièrement dédiés aux insectes. Un jour, j’ai découvert un charançon près de chez moi. Je n’en avais jamais vu auparavant, seulement dans mes livres. J’étais très heureux ce jour-là. Donc pour un enfant comme moi, c’était certain que je devienne fan de Pokémon, dont le but est de partir à l’aventure pour remplir son Pokédex.

Q : Que se cache-t-il derrière le titre de la série : Ailes du crépuscule ?

R : Ailes du crépuscule comprend sept courts épisodes qui ont tous un point commun, le Taxi Volant de Galar. Nous voulions donc que le titre soit en rapport avec le ciel. Nous avions quelques autres concepts en tête, certains ont été intégrés à la série, d’autres non. Par exemple, nous pensions qu’il serait bien d’inclure l’idée de l’aube pour retransmettre la façon dont John et les autres personnages prennent des décisions importantes, résolvent des problèmes, prennent conscience de quelque chose, et décident d’être courageux et d’agir. Nous avons également pensé aux problèmes que nous avons tous, aux moments où nous voyons tout en noir. Nous voulions communiquer ce sentiment merveilleux que l’on ressent quand on aperçoit enfin la lumière, quand un grand ciel bleu s’ouvre sous nos yeux, et qu’on réalise que l’on peut enfin voler de nos propres ailes. Le titre a été traduit en plusieurs langues pour pouvoir être diffusé mondialement, et je pense que le nom anglais, Twilight Wings, sonne bien lui aussi.*

* Le mot japonais pour « Twilight » est plus associé à l’aube qu’en anglais.

Q : John et Tommy étant de nouveaux personnages, j’imagine que vous avez dû créer de toute pièce leur passé, et la façon dont ils parlent et pensent. Qu’est-ce que vous aviez en tête quand vous avez écrit leur histoire ?

R : Après avoir découvert les informations de bases des épisodes, j’ai imaginé de courtes histoires en rapport avec Pokémon que j’écrirais si on me donnait le feu vert. Par exemple :

  • Un jeune garçon de la ville (sans frère ni sœur) passe ses vacances d’été seul à la campagne chez sa grand-mère. Il tombe sur un Pikachu caché dans un buisson et part à sa poursuite au fond du jardin. Il trouve alors de nombreux Pokémon sauvages qu’il rencontre un à un. Quand le garçon raconte son aventure à ses parents, ils se rappellent qu’eux aussi, ils ont un jour poursuivi un Pikachu dans les bois derrière la maison de la grand-mère.

  • Une personne âgée, solitaire et têtue qui adore jardiner et se détendre à l’heure du goûter, découvre un jour qu’une partie de son jardin magnifiquement entretenu a été détruite. Elle y trouve un Pokémon blessé. L’histoire retrace l’échange touchant entre la personne âgée et le Pokémon.

  • Un jeune homme, jongleur itinérant, se lie d’amitié avec un Pokémon qu’il a rencontré à son arrivée dans une nouvelle ville. Il tente d’enseigner son art au Pokémon. Malheureusement, son nouveau partenaire maladroit n’arrive pas du tout à jongler. Le jeune homme découvre cependant un autre don chez son partenaire Pokémon. Le duo prévoit de monter un petit spectacle. Les deux amis auront-ils du succès ?

Voilà le genre d’idées que j’avais pour ce type d’anecdotes Pokémon de cinq minutes. La première que j’ai imaginée racontait l’histoire d’un jeune garçon renfermé.

Ce garçon ne quitte presque jamais sa chambre, mais il aide à élever et à échanger à distance des centaines de Pokémon sur Internet. Il en sait beaucoup sur les Pokémon, et de nombreux Dresseurs le contactent pour obtenir des réponses et des conseils. Un jour, quelqu’un lui demande : « Quel genre de Pokémon élèves-tu quand tu n’es pas en ligne ? » Le garçon se rend soudain compte qu’il n’a jamais attrapé un seul Pokémon dans le monde réel. Dans un élan de courage, il attrape de sa main droite tremblante une Poké Ball et s’aventure dans les hautes herbes près de sa maison.

Je n’ai réalisé que plus tard que ce garçon renfermé se retrouve un peu dans John d’Ailes du crépuscule. D’ailleurs, il s’appelle John pour une raison bien particulière, mais c’est un secret. Tommy est né du besoin d’avoir quelqu’un qui viendrait aider au développement du personnage de John. L’histoire de Tommy est elle aussi écrite, mais ça aussi c’est un secret.

Q : Les Pokémon de cette série sont tous représentés en détail, comme de véritables êtres pensants, et chacun d’entre eux est extrêmement intéressant. Sur quoi vous êtes-vous concentré, ou à quoi avez-vous fait particulièrement attention en ce qui concerne les Pokémon ?

R : Je pense qu’il faut remercier les réalisateurs et ceux en charge de l’animation pour ces représentations détaillées des Pokémon. J’ai toujours aimé les Pokémon et les animaux, donc les scènes avec des Pokémon étaient plus faciles à écrire que des scènes avec des personnages humains. Dès le début, quand j’imaginais de petites histoires Pokémon, je voulais en raconter une du point de vue d’un Pokémon. J’adore les histoires qui sont racontées du point de vue des Pokémon sans la présence de personnages humains, comme Les Vacances de Pikachu* ou les petites scènes que l’on voit parfois à la fin des épisodes de la série TV. Quand j’ai reçu l’ébauche des épisodes, il y avait un épisode dans lequel un Moumouton s’enfuit de chez lui, et j’ai voulu écrire cet épisode de cette façon. Cela posait des problèmes d’échelle, mais j’aurais aimé pouvoir écrire l’action du point de vue de Moumouton d’une façon encore plus marquée.

*Un court film d’animation sorti au cinéma en 2000 en France.

Q : Y a-t-il des personnages ou des Pokémon auxquels vous vous êtes attaché, ou qui vous ont posé problème lors de l’écriture des scénarios ? Si oui, pouvez-vous nous dire lesquels ?

R : J’ai beaucoup d’affection pour John, puisqu’il est l’un des personnages originaux. Quand j’ai vu le film Le Mystère des pingouins* au cinéma, j’ai tout de suite su que je voulais travailler avec l’équipe qui l’a réalisé. J’ai envoyé le premier jet d’un scénario original à Studio Colorido, et cela m’a finalement conduit à travailler sur le scénario d’Ailes du crépuscule. Je me retrouve un peu dans John, surtout quand, voulant tellement voir le match de Tarak, il écrit une lettre malgré les taquineries de Tommy et se précipite dans les escaliers en s’accrochant désespérément à sa lettre pour pouvoir la remettre à Shehroz.

*Un film d’animation de Studio Colorido sorti en 2018

Q : Pouvez-vous nous parler des moments forts que vous attendez avec impatience ?

R : Le dernier épisode reprend ce qui a été établi dans le premier, et c’est aussi le point culminant de la série. Je pense donc que les spectateurs apprécieront encore plus la série s’ils revoient tous les épisodes avant de découvrir le dernier. Peut-être que les personnages que vous espérez voir feront leur apparition ! Je n’ai pas encore vu l’épisode dans sa version finale, mais je suis sûr qu’il va être très bon. J’ai hâte de voir les talents de réalisation de M. Yamashita.

Q : Enfin, y a-t-il quelque chose que vous souhaitez partager avec les fans d’Ailes du crépuscule et de Pokémon en général ?

R : Même si Ailes du crépuscule est une série web dont la plupart des épisodes ne durent que cinq minutes, on y retrouve la magnifique imagerie de Studio Colorido, les touches délicates des réalisateurs de chaque épisode, ainsi qu’une musique et un doublage exceptionnels. Pour un instant, vous pouvez ressentir l’émotion profonde que l’on ressent après avoir regardé un film complet. Donc, pour ceux qui peuvent regarder des vidéos YouTube sur une télévision ou sur un grand écran, je le recommande fortement, plutôt que de regarder la série sur un écran de téléphone. De plus, si vous avez regardé et apprécié Ailes du crépuscule, j’aimerais savoir ce que vous en pensez sur mon site, Twitter ou Instagram.


À propos de Sou Kinoshita
Sou Kinoshita est un dessinateur, illustrateur et scénariste japonais né en 1990 et originaire de la préfecture de Kanagawa.

Kinoshita met en ligne des bandes dessinées originales sur son site, AOISARU. Il a fait ses débuts en tant que scénariste avec
Pokémon : Ailes du crépuscule.



À propos de Studio Colorido
Studio Colorido est un studio d’animation japonais à l’origine d’Ailes du crépuscule.

Le studio cherche à mettre en avant son travail artistique numérique en créant des longs-métrages, mais aussi à s’établir comme un des leaders dans le domaine de la publicité et des courts métrages, tout en relevant le défi de donner un nouveau souffle à l’animation. Le premier long-métrage d’animation du studio,
Le Mystère des pingouins, sorti en 2018, a reçu un prix d’excellence dans la catégorie animation lors de la 42e édition des Japan Academy Film Prize. Leur second long-métrage Loin de moi, près de toi est déjà sorti.


N’oubliez pas, les sept épisodes de Pokémon : Ailes du crépuscule, ainsi que le nouvel épisode spécial, Pokémon : Ailes du crépuscule – Une réunion de stars, sont disponibles sur TV Pokémon accessible depuis Pokemon.fr (ou en utilisant l’appli mobile TV Pokémon), ainsi que sur la chaîne YouTube officielle de Pokémon.

Découvrez toutes les interviews de l’équipe de création de Pokémon : Ailes du crépuscule.


Pokémon : Ailes du crépuscule 1re interview : Mizutamari Higashi, illustratrice

Pokémon : Ailes du crépuscule 3e interview : Conisch, compositeur

Pokémon : Ailes du crépuscule 4e interview : Shingo Yamashita, réalisateur, et Yo Watanabe, assistant-réalisateur

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